Adresse aux Présidents des Conseils d’Administrations des Caf

Publié le par TS CGT CAF

Les salariés des CAF en lutte s’adressent aujourd’hui aux Conseils d’administrations des Caisses d’Allocations Familiales.

Les décisions de l’Etat, mises en œuvre par nos directions, privent nos organismes des moyens de mener nos missions de protection sociale dans des conditions satisfaisantes :

l’absence de remplacement des départs en retraite a réduit les effectifs à un point tel que le traitement des dossiers subit des retards parfois considérables.

Les agents travaillent dans des conditions de stress éprouvantes.

Pourquoi ? du fait :

- de cette réduction des effectifs,

- des nouvelles tâches assumées par les CAF,

- des changements de législation.

La pression sur les agents est constante, tout comme les réorganisations de travail pour tenter de faire face à la situation. Le recours aux heures supplémentaires, volontaires ou imposées, est de plus en plus fréquent.

L'ultra polycompétence imposée aux techniciens (guichet, téléphone, courrier, traitement des dossiers, instruction RMI, offres de service, connaissance des législations annexes) engendre une frustration dans la non réponse à notre mission de service public, renforcée par l'instauration de l'anonymat du technicien pour l'allocataire.

Les qualifications des agents ne sont ni reconnues ni respectées.

Parallèlement, ils subissent une grave détérioration de leur pouvoir d’achat.

La valeur du « point », qui sert de base à nos rémunérations, est en décalage avec l’indice INSEE des prix à la consommation. Un décalage cumulatif d'année en année. Un technicien embauché BAC+4 est rémunéré au SMIC et ne remplit pas les conditions minimales de ressources pour accéder à un logement.

Le déroulement de carrière, prévu par la Convention collective, n'est appliqué qu'au minimum.

Il y a moins de promotions dans les CAF que dans les autres branches de la Sécurité sociale.

Le service à l’allocataire se détériore du fait des retards dans le traitement des dossiers, des jours de fermeture et des restrictions de l’amplitude d’accueil.

Mais surtout nous déplorons une politique délibérée visant à supprimer le service de proximité avec la fermeture de nombreuses antennes.

Nous déplorons également que la qualité de service soit sacrifiée au profit d’indicateurs purement quantitatifs. Nous sommes d’autant plus inquiets que nous versons des prestations indispensables pour un public fragilisé : personnes isolées, personnes sans ressources, personnes âgées, personnes handicapées.

Nous nous inquiétons également des projets de départementalisation et de mutualisation des fonctions. Ces projets de regroupement et de démantèlement des fonctions des CAF ne font pas faire d’économies pour une même qualité de service.

Ils ne peuvent être prétextes qu'à une réduction encore plus importante des effectifs et le préalable à une externalisation de ces fonctions vers des entreprises privées, au détriment de l’orientation sociale du service rendu aux allocataires.

Nous nous interrogeons d’autant plus qu’actuellement les organismes les plus en retard sont les CAF qui couvrent un nombre important d’allocataires. Il semble que la petite taille et l’autonomie des organismes leur permettent de mieux contenir les difficultés.

Nous sommes aussi très inquiets quant à la disparition programmée, à plus ou moins brève échéance, des travailleurs sociaux et de l’action sociale, liés à l’identité sociale de nos organismes ; cette action sociale professionnalisée, avec le versement des prestations, concourt au maintien de la cohésion sociale.

Tout ceci nous paraît d’autant plus choquant qu’un excédent de 300 millions d’euros est budgété pour 2008 et qu’il est estimé en milliards d’euros pour les années suivantes. Et, selon Monsieur WOERTH, ministre du budget, ces excédents devront être affectés au comblement du déficit de la branche vieillesse.

Mesdames, Messieurs les Présidents, les salariés attendent beaucoup des Conseils d’Administration, représentants des intérêts des allocataires et détenteurs de cette légitimité, et ils vous demandent de sauver les CAF en leur accordant les moyens indispensables à la poursuite de leurs missions.

Nous vous demandons d’exiger du ministère que les excédents de la branche famille soient affectés au redressement de la situation dans les CAF et à la définition d’une politique sociale ambitieuse, à la hauteur des difficultés vécues par les allocataires.

Nous demandons le maintien de l'Action Sociale dans les CAF, la reconnaissance des travailleurs sociaux et de leur déontologie et la prise en compte de leur témoignage pour orienter des politiques en adéquation des besoins de chaque territoire.

Il est indispensable de procéder dès maintenant à des embauches suffisantes pour porter les effectifs à la hauteur de la charge de travail et que le versement de l’ensemble des prestations puisse s’effectuer dans les meilleures conditions.

Nous demandons une revalorisation substantielle de la valeur du « point », cohérente avec les qualifications et l’engagement de l’ensemble des personnels de la Sécurité Sociale, la reconnaissance des qualifications et des déroulements de carrière au moins équivalents, dans les CAF, à ceux des autres branches.

Enfin nous demandons le renoncement à tous les projets : de fusions départementales et de mutualisations et, en parallèle indispensable, le maintien de l’autonomie des caisses locales

Nous comptons sur vous, Mesdames, Messieurs les Présidents et nous vous remercions de nous avoir écoutés.

(Séminaire des  Présidents de  Conseil d'administration des  CAF  -  Deauville  le  29 novembre  2007)

Publié dans National

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